Categories
Canadian Speaking Tour in the News

Ukraine : plus d’armes et plus de justice, plaide la Prix Nobel de la paix

En visite à Ottawa, la lauréate du Nobel de la paix de 2022 Oleksandra Matviichuk a exhorté le Canada à en faire plus.

La lauréate du prix Nobel de la paix et présidente du Centre pour les libertés civiles, Oleksandra Matviichuk, a eu une réunion avec le premier ministre Justin Trudeau à Ottawa le 3 juin 2024.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / ADRIAN WYLD

Valérie Gamache

Publié le 4 juin 2024 à 11 h 00

De passage à Ottawa, la lauréate du prix Nobel de la paix en 2022 Oleksandra Matviichuk croit que le Canada peut et doit en faire davantage pour aider l’Ukraine.

L’avocate ukrainienne a entamé un marathon de sept jours au Canada pour trouver des appuis dans sa quête de traduire immédiatement devant les tribunaux les responsables russes de crimes de guerre en Ukraine.

Un combat qui ne peut pas se faire sans que le Canada augmente son aide militaire, a-t-elle rappelé au premier ministre Justin Trudeau lors d’une rencontre lundi.

Le problème est que pour garantir les droits de l’homme et obtenir justice, nous devons survivre […]. Et sans armes, nous ne pourrons pas nous défendre, a-t-elle déclaré.

Pour défendre les droits de l’homme en Ukraine, nous avons besoin de soutien militaire.Une citation de Oleksandra Matviichuk, lauréate du prix Nobel de la paix en 2022

Depuis le début de l’invasion russe, Oleksandra Matviichuk s’affaire à documenter les crimes de guerre qui surviennent aux quatre coins de son pays (nouvelle fenêtre). Elle estime à 72 000 le nombre d’épisodes de crimes commis en un peu plus de deux ans.

La lauréate du prix Nobel de la paix en 2022, Oleksandra Matviichuk, sollicite le soutien du Canada.
PHOTO : RADIO-CANADA / FELIX DESROCHES

Ce ne sont pas que des nombres, ce sont 72 000 histoires humaines, insiste-t-elle en entrevue à Radio-Canada. Et elle ne veut pas attendre la fin du conflit pour permettre à ces victimes d’obtenir justice.

Mme Matviichuk milite pour la création d’un tribunal spécial qui agirait de façon parallèle à la Cour pénale internationale (CPI) et qui traduirait immédiatement en justice les responsables de crimes de guerre. Selon elle, il faut changer d’approche et ne plus attendre la fin des conflits pour juger les criminels.

Nous ne pouvons pas attendre. Nous devons établir ce nouveau tribunal maintenant et tenir responsables les auteurs de ces agressions dès maintenant, plaide la militante des droits de la personne.

Nous avons besoin du poids du Canada pour convaincre les autres pays que le moment est venu.Une citation de Oleksandra Matviichuk, lauréate du prix Nobel de la paix en 2022

L’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ne peut pas se répéter, ajoute-t-elle. Les criminels nazis ont été jugés seulement après l’effondrement du régime nazi. Nous vivons dans un nouveau siècle et la justice ne doit pas dépendre de l’endroit et du moment où la guerre se termine, estime-t-elle.

Des fosses communes découvertes le 18 avril 2022 à Boutcha, en Ukraine.
PHOTO : GETTY IMAGES / ALEXEY FURMAN
Une vie transformée par la guerre

Née sous le régime soviétique, l’avocate de 40 ans a commencé à pratiquer le droit après l’indépendance de l’Ukraine. Rien n’indiquait alors qu’elle allait consacrer sa carrière à documenter des crimes commis par le régime russe.

Pourtant, aujourd’hui, elle n’a qu’un objectif : tenir Vladimir Poutine responsable des agressions commises en territoire ukrainien. Je n’étais pas préparée pour cela, mais vous ne pouvez jamais être préparée, dit-elle.

Le cimetière militaire de Boutcha
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Elle est maintenant à la tête du Centre pour les libertés civiles de l’Ukraine, dont le travail de documentation des crimes de guerre mené par l’organisation lui a valu le prix Nobel en 2022 (nouvelle fenêtre). Un symbole fort qui lui donne maintenant directement accès aux décideurs.

Avant, nous étions entendus dans les comités de l’ONU, mais pas dans les hautes sphères de pouvoir où les décisions politiques étaient prises , affirme-t-elle.

Et elle ne ménage pas ses efforts pour porter son message. Lors de sa tournée d’une semaine au Canada, elle compte multiplier les visites politiques et diplomatiques et enchaîner les levées de fonds à Ottawa, Toronto, Montréal et Winnipeg.

Cela est important non seulement pour l’Ukraine, mais pour tout le monde afin de prévenir le pire. Nous devons punir l’État et les dirigeants. C’est d’une logique évidente, conclut-elle.

ICI Radio-Canada